Freaks - La monstrueuse parade

Mardi 12 novembre - 19:00
  • dureeTout public
  • public64 min
  • publicTarif unique : 3.50 €
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En partenariat avec Ohana Ciné

“Freaks”, sorti en 1932, est un grand classique du cinéma qui explore les thèmes intemporels de la différence, de l’acceptation et du pouvoir.

Dans un monde où les normes sont remises en question et où la magie côtoie la réalité, suivez l’histoire captivante de Chloe et des autres “freaks” alors qu’ils défient les conventions pour trouver leur place dans un monde hostile. Avec des rebondissements inattendus, une intrigue palpitante et des personnages inoubliables, “Freaks” vous transportera dans un voyage au-delà de l’ordinaire et vous fera réfléchir longtemps après le générique de fin.

Dans un monde où les individus dotés de pouvoirs surnaturels sont considérés comme des parias, une jeune fille nommée Chloe découvre peu à peu la vérité sur sa propre nature et sa famille. Contrainte de se cacher pour échapper à un gouvernement hostile, elle trouve refuge dans un cirque itinérant dirigé par le mystérieux Mr. Snowcone. Alors qu’elle explore ce nouvel univers fascinant, elle se lie d’amitié avec d’autres “freaks” dotés de pouvoirs uniques. Mais lorsque la menace se rapproche, Chloe devra se battre pour protéger sa nouvelle famille et découvrir le véritable sens de la normalité. Entre mystère, action et suspense, “Freaks” offre un voyage captivant à travers un monde où la différence devient une force.

Projeté en VOSTR.


Autour du film

Tod Browning est le cinéaste de la révélation : il nomme constamment ce qu’il montre. Dès le commencement du film, avant même que l’intrigue ne soit nouée, il en met en scène les éléments clés.

Outre le report pour le spectateur du film de la vision de Cleopatra devenue un phénomène au centre d’une exhibition, il débute le flash-back par un plan de la trapéziste en piste auquel il fait succéder un plan présentant Hans et Frieda. Lors de cette première apparition, les deux nains se tiennent côte à côte, mais ils sont d’ores et déjà séparés par la présence dans le hors champ de la trapéziste, au centre des regards de Hans comme des paroles qu’ils échangent. L’espace qui les isole alors l’un de l’autre, aussi infime soit-il, ne va pas cesser de croître et il symbolise la distance affective qui existe désormais entre eux : il faut attendre la toute fin du film pour qu’ils se touchent et soient unis. Dès ces premiers plans, la mise en scène suggère que l’histoire contée en est une de séparation, voire de déchirure.

Plus largement, l’un des principaux enjeux du récit comme de la mise en scène est la compatibilité des corps. Les différents corps en présence peuvent-ils coexister au sein d’un même espace, dans un même plan ? Si oui, comment et qu’est-ce que cela implique ?

La compatibilité des corps

Dans la première partie du récit, les phénomènes sont le plus souvent montrés partageant le plan avec d’autres membres du cirque. Ces derniers sont principalement Madame Tetrallini, Phroso et Venus, soit les personnages empathiques qui s’ouvrent à eux, sont témoins de leurs joies comme de leurs peines. À plusieurs reprises, les frères Rollo se tiennent à proximité des phénomènes et font office de bonimenteurs, présentant Josephine Joseph puis, indirectement, Randian (l’homme-tronc) allumant sa cigarette et Frances (la femme sans bras blonde) mangeant et buvant avec ses pieds. Face à Randian ou Frances, ils tiennent des propos destinés à se mettre en valeur, mais ces paroles peuvent s’appliquer aux actes qu’effectuent alors, dans le plan, chaque phénomène. La coexistence au sein du plan est donc ici utilitaire : elle possède une fonction signalétique. Mais comme l’a judicieusement souligné Serge Daney : « À partir du moment où “hommes” et “monstres” peuvent partager un plan, ils n’en sont plus vraiment, ce qui les unit est plus fort que ce qui les sépare (au point que la monstruosité, Browning devra la réintroduire, en même temps que la fiction, et par elle) .»

Le cinéaste réintroduit effectivement la monstruosité physique en donnant corps à la monstruosité morale de Cleopatra et d’Hercules. Ceux-ci partagent véritablement le plan avec les monstres, dans la deuxième et la troisième partie, à partir du moment où ils deviennent « l’un des leurs ». Pendant le repas de noces, la trapéziste et le colosse sont le plus souvent saisis attablés, cadrés au-dessus de la taille, la partie inférieure de leur corps laissée hors champ ; c’est justement celle-ci dont sera finalement privée Cleopatra et qui sera neutralisée chez Hercules. En rejetant l’invitation des monstres et en les poussant à quitter la table puis le champ, la trapéziste et l’athlète refusent toute compatibilité entre leurs corps et ceux des monstres. Ces derniers changent alors d’attitude et s’invitent dans les plans consacrés à Cleopatra ou Hercules, passant de plus en plus près de leurs corps, les cernant, se plaçant à proximité de la roulotte de la trapéziste, se tenant dans celle de Hans… Les regards des phénomènes sont placés au centre de ces plans – le plus souvent muets et très courts –, encadrés et mis en valeur par la lumière ou l’obscurité – qui élude les autres parties des corps – et ils fixent Cleopatra et/ou Hercules. Le plus souvent, les yeux des phénomènes semblent vides de points de vue, mais le simple acte de fixer porte la condamnation sur les deux intrigants et transforme leur regard.

Pour saisir la compatibilité des corps, Browning privilégie les plans plutôt serrés (du plan moyen au gros plan) filmés frontalement. Il utilise parfois de brefs mouvements de caméra afin de suivre un personnage et de le rapprocher d’un autre. Cette mise en scène est accentuée à la fin du film lorsque les phénomènes se tiennent sous une roulotte, puis poursuivent Hercules à terre : la caméra est alors placée à hauteur de nain. La mise en scène, plus que jamais au service des phénomènes, montre comment ils retournent finalement la situation : Cleopatra et Hercules ont rejeté toute compatibilité avec leurs corps, ils ont voulu voir en eux des bêtes, ceux-ci se mettent alors à ramper jusqu’à entraîner le couple dans l’animalité et la monstruosité (Hercules se traîne à terre, Cleopatra devient une femme-canard). Oui, le film bascule alors dans l’épouvante.

Léspas vidéo

Distribution

  • De Tod Browning

  • Par Al Boasberg, Willis Goldbeck

  • Avec Wallace Ford, Leila Hyams, Olga Baclanova

  • États-Unis (1932)

  • Genre Comédie dramatique

Tarif

  • Projection : 3.50 euros
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